Construire les bonnes conditions de l’animation
L’un des leviers mis en avant par les professionnels est la mise en place de bonnes conditions de déroulement de chaque activité. Il s’agit ainsi de veiller à une série d’aspects préparatoires aux interventions afin de mettre toutes les chances de son côté : construire un cadre rassurant, propice à la convivialité, qui favorise la compréhension réciproque et l’estime de soi.
On peut veiller à une disposition des espaces permettant la convivialité et à un accueil chaleureux des participants.
Lorsque cela est possible, il est conseillé de privilégier la création de petits groupes de 6 à 15 participants. Cela permet une meilleure gestion des temps d’échange et favorise la création d’un fil rouge liant les différentes activités, ainsi que l’implication des participants.
Dans le cadre de plusieurs séances sur nutrition et activité physique, cela donne la possibilité de mettre en avant la complémentarité entre ces deux dimensions.
Il est également possible de mettre en place des temps dédiés avec des groupes homogènes, afin de favoriser une ambiance de confiance partagée dans un climat sans peur de jugement.
On peut créer des groupes de bébé nageurs de 0 à 6 ans, ou des séances d’aquagym au féminin où les mamans se sentiront plus à l’aise et en sécurité. Elles peuvent éventuellement se baigner habillées si elles le souhaitent.
Pour les professionnels, il est important d’être clair sur les termes que l’on emploie lors de la séance, ainsi que sur les objectifs posés. Cela implique de dédier un temps d’échange en amont de l’activité pour définir le « glossaire » de la séance, explorer les attentes et définir les objectifs. Cela permet de mieux structurer le travail avec les participants, de limiter leurs conjectures quant à des attentes potentielles et d’instaurer un climat de confiance. Il est important de veiller à poser des objectifs clairs en amont de chaque séance, cela permet d’y répondre plus facilement. Au même titre, les professionnels pointent l’utilité de proposer aux participants un cadre général de l’intervention autour duquel ils devront s’accorder.
Inspirer la confiance pour développer l’esprit critique
La posture ouverte et la disponibilité de l’animateur favorisent à leur tour l’ouverture des publics et leur disponibilité pour prendre du recul et réfléchir sur leurs propres pratiques de manière constructive. L’idée est de créer les conditions qui leur permettent de développer une pensée critique et autonome. Dans cette perspective, les professionnels comme la littérature recommandent de s’appuyer sur les expériences et les conceptions des publics afin que les messages de santé véhiculés leur paraissent plus concrets et donc plus clairs.
On peut coconstruire avec les enfants des questionnaires sur leurs pratiques alimentaires, mettre en place des ateliers de lecture des étiquettes ou de compréhension des informations en matière de nutrition. On peut également faire des expériences de « gouter à l’aveugle » entre produits industriels et faits-maison.
Dans une optique de co-construction, d’instauration de confiance et d’écoute réciproque, ainsi que le temps d’échange après chaque animation permettent d’interroger les ressentis des participants et ce que l’animation leur a apporté. Cela facilite non seulement la conscientisation des expériences vécues, mais permet également à l’animateur d’ajuster son travail lors des séances suivantes. Pour cela, il est essentiel d’adopter une posture qui inspire aux participants aux animations de la confiance quant aux compétences professionnelles et personnelles des animateurs. Les intervenants doivent en effet constituer un point de repère tout au long de la séance, accompagner et rassurer les participants sur leurs propres capacités.
Dans le cadre d’un atelier de cuisine, l’intervenant se place au même niveau que le jeune lorsqu’il réalise le plat avec lui et à tout instant le jeune peut poser des questions s’il n’est pas certain de la recette ou de ce qu’il y a à faire.
Favoriser la mise en routine des éléments abordés
Pour faciliter l’appropriation et l’assimilation progressive des connaissances et des compétences transmises lors des activités interactives, il est utile de proposer cette même activité sur des créneaux différents afin de favoriser l’accès à différentes populations. Cela passe également par l’utilisation d’animations dont les éléments sont facilement reproductibles dans la vie courante. Il est donc recommandé de proposer des animations simples et sans trop de techniques.
Les animations doivent en effet permettre aux enfants et aux jeunes d’élargir leurs habitudes alimentaires et de les initier à l’expérimentation de nouvelles connaissances et de nouveaux gestes dans la vie de tous les jours.
Pour susciter l’envie, les professionnels soulignent l’importance de faire des ateliers un souvenir positif. Dans cette perspective, il peut être également utile de laisser une trace de l’atelier, pour permettre aux participants de garder en mémoire l’expérience vécue, les informations échangées, et de valoriser la participation. Cette « trace » peut par ailleurs être un vecteur de communication et de valorisation. Ces expériences, que les participants pourront reproduire dans d’autres contextes, les confortent dans leur connaissance de soi, leur confiance en soi, leur estime de soi.
Cela peut être un diplôme, un livre (de recettes, de photo des activités réalisées, etc.) ou une médaille.
Mobiliser la médiation scientifique
La création d’une ambiance de confiance et d’échange passe également par la mobilisation de la médiation scientifique. D’après les professionnels, lors des animations, il est important de s’appuyer sur les connaissances issues de la recherche pour légitimer et enrichir davantage les contenus proposés. Cela en utilisant un langage adapté aux différents types de publics afin de créer les bases d’une meilleure compréhension des contenus de la part de tout le monde, ainsi que la reconnaissance des savoirs de chacun. De cette façon il est possible d’instaurer une ambiance propice aux échanges et à la confiance réciproque. Dans ce cadre, s’appuyer sur une médiation scientifique adaptée peut encourager la réflexivité des publics. Ces derniers se sentiront en mesure de s’approprier des savoirs issus de la recherche et seront donc plus enclins à développer une pensée critique sur les contenus proposés.
Il est possible d’organiser des conférences sous forme de rencontres interactives constituées par une session courte d’apports théoriques sur la nutrition (20’) et d’un temps d’échanges long, de type débat, sur 1h30 en plénière.
Apprendre à connaître ses publics
Pour les animateurs, valoriser les ressources de chacun signifie d’adopter une posture ouverte et disponible, de sortir de la position d’expert, pour prendre en considération ce que chacun a à apporter. Dans ce cadre, il est très important de laisser les participants réfléchir et s’exprimer à partir d’eux-mêmes, ne pas induire leurs réponses en fonction de ce que l’on voudrait entendre, ni les catégoriser.