Construire les bonnes conditions de l’animation
L’un des leviers mis en avant par les professionnels est la mise en place de bonnes conditions de déroulement de chaque activité. Il s’agit ainsi de veiller à une série d’aspects préparatoires aux interventions afin de mettre toutes les chances de son côté : construire un cadre rassurant, propice à la convivialité, qui favorise la compréhension réciproque et l’estime de soi.
On peut veiller à une disposition des espaces permettant la convivialité et à un accueil chaleureux des participants.
Le travail sur la santé sexuelle touche à l’intimité des personnes qui peuvent éprouver des difficultés à s’exprimer si elles ne sont pas en confiance. Afin de créer un cadre confidentiel et rassurant, il peut être utile de mettre en place des animations adaptées grâce à des outils, tout en veillant à garder de la place aux échanges et à l’expression des priorités de chacun.
Dans le cadre d’ateliers avec des personnes migrantes, utilisez un photolangage représentant le public pour amorcer les échanges autour des connaissances des participants et participantes.
Lorsque cela est possible, il est conseillé de privilégier la création de petits groupes de 6 à 15 participants. Cela permet une meilleure gestion des temps d’échange et favorise la création d’un fil rouge liant les différentes activités, ainsi que l’implication des participants.
Travail en petits groupes : chaque groupe choisi une thématique en lien avec la santé sexuelle et affective (le consentement, le respect, l’instauration de relation saines, etc.). Restitution et mise en commun sous forme d’affiches.
Il est également préférable de mettre en place des temps dédiés avec des groupes homogènes, afin de favoriser une ambiance de confiance partagée dans un climat sans peur de jugement.
Création de groupe en non-mixité de genre pour aborder la problématique des violences sexuelles.
Pour les professionnels, il est important d’être clair sur les termes que l’on emploie lors de la séance, ainsi que sur les objectifs posés. Cela implique de dédier un temps d’échange en amont de l’activité pour définir le « glossaire » de la séance, explorer les attentes et définir les objectifs. Cela permet de mieux structurer le travail avec les participants, de limiter leurs conjectures quant à des attentes potentielles et d’instaurer un climat de confiance. Il est important de veiller à poser des objectifs clairs en amont de chaque séance, cela permet d’y répondre plus facilement. Au même titre, les professionnels pointent l’utilité de proposer aux participants un cadre général de l’intervention autour duquel ils devront s’accorder.
Définir avec les participants un règlement autour des bonnes pratiques à performer en collectif ou une Charte d’engagement posant les jalons de la communication de groupe.
S’appuyer sur les connaissances et les compétences des publics en santé sexuelle
S’appuyer sur les connaissances et les compétences des publics en matière de santé sexuelle permet de créer des approches éducatives adaptées, inclusives et efficaces. Cela favorise l’implication de tous et permet d’instaurer un climat de confiance et de respect mutuel où chacun se sent valorisé et pris en considération. Cette approche facilite également l’intégration des messages de santé, car elle permet de faire le lien avec les ressources individuelles et renforcer le sentiment d’efficacité.
Le jeu KESKESEX est outil de médiation qui permet d’évaluer de manière participative la compréhension qu’ont les participants des problématiques de santé sexuelle (consentement, interdits, etc.).
Questionner les compétences et connaissances est également une bonne façon pour introduire et donner du sens à des sujets variés.
Des jeunes atteints d’autismes sont formés pour animer des ateliers sur la santé sexuelle auprès de leurs pairs. Ils partagent leurs expériences et discutent ouvertement de sujets tels que le droit à la sexualité, la contraception, les relations.
Inspirer la confiance pour développer l’esprit critique
La posture ouverte et la disponibilité de l’animateur favorisent à leur tour l’ouverture des publics et leur disponibilité pour prendre du recul et réfléchir sur leurs propres pratiques de manière constructive. L’idée est de créer les conditions qui leur permettent de développer une pensée critique et autonome. Dans cette perspective, les professionnels comme la littérature recommandent de s’appuyer sur les expériences et les conceptions des publics afin que les messages de santé véhiculés leur paraissent plus concrets et donc plus clairs.
On peut coconstruire avec les publics vivant avec une déficience intellectuelle des planches anatomiques, mettre en place un atelier autour de leur compréhension des différences sexuées à l’aide de poupées, travailler la contraception à partir de mallette contenant les différents contraceptifs existants, etc.
Dans une optique de co-construction, d’instauration de confiance et d’écoute réciproque, ainsi que le temps d’échange après chaque animation permettent d’interroger les ressentis des participants et ce que l’animation leur a apporté. Cela facilite non seulement la conscientisation des expériences vécues, mais permet également à l’animateur d’ajuster son travail lors des séances suivantes. Pour cela, il est essentiel d’adopter une posture qui inspire aux participants aux animations de la confiance quant aux compétences professionnelles et personnelles des animateurs. Les intervenants doivent en effet constituer un point de repère tout au long de la séance, accompagner et rassurer les participants sur leurs propres capacités.
Valoriser les qualités
Lors des activités proposées, il est important de mettre en avant les qualités des personnes. Partir des ressources que chacun porte en soi est un élément clé du travail sur la santé sexuelle, en lien avec le renforcement des compétences psychosociales, car cela renforce le sentiment d’efficacité et permet de développer des nouvelles habilités relationnelles. Cela peut se faire en célébrant les réussites, la façon dont une situation particulière a été affrontée ou les « petites victoires » de tous les jours.
Dans l’accompagnement des jeunes consommateurs de substances, leur faire « revisiter » leur parcours et leur histoire en soulignant ce qu’ils ont réussi, mais aussi comment ils ont dépassé des périodes où ils étaient en difficulté.
Il est conseillé d’aborder les contenus progressivement et proposer des activités qui soient au niveau des participants pour ne pas les mettre en difficulté.
Dans le cadre d’un travail avec des travailleuses travailleurs du sexe visant à renforcer leurs compétences en matière de santé sexuelle et d’autonomie, commencez par fournir des repères pratiques et des ressources concrètes nécessaires à la sécurité de toutes et tous avant de travailler plus en profondeur l’autonomie. Organisez une réunion d’introduction où les participantes peuvent partager leurs préoccupations et leurs expériences en toute confidentialité. Proposez des sessions d’information interactives détaillées sur les IST, les méthodes de protection, la contraception et les soins gynécologiques et fournissez les ressources adéquates. Transmettez également des informations sur les ressources locales pour obtenir de l’aide en cas de besoin, en matière de santé globale. Offrez ensuite des sessions sur la sécurité personnelle et travaillez autour de la reconnaissance des signes de danger et des réactions à adopter en cas de situation potentiellement risquée. Animez des discussions sur les droits des travailleuses du sexe, y compris les droits en matière de santé et d’accès aux soins. Enfin, facilitez la création d’un groupe de soutien où les participantes peuvent partager leurs expériences et leurs défis.
Une autre façon d’augmenter le sentiment d’efficacité est de mettre en condition les publics de faire l’expérience d’une action réussie et interroger ensuite les ressentis, et de leur permettre d’identifier ce qui a contribué à cette réussite. Cela facilite la conscientisation de ses propres qualités, ressources, préférences, etc.
L’accompagnement à la prise de conscience de ses propres ressources passe aussi par la compréhension que celles-ci peuvent varier en fonction du contexte.
Favoriser la mise en routine des éléments abordés
Pour faciliter l’appropriation et l’assimilation progressive des connaissances et des compétences transmises lors des activités interactives, il est utile de proposer cette même activité sur des créneaux différents afin de favoriser l’accès à différentes populations. Cela passe également par l’utilisation d’animations dont les éléments sont facilement reproductibles dans la vie courante. Il est donc recommandé de proposer des animations simples et sans trop de techniques.
Auprès de jeunes LGBTQI+, organisez des discussions ouvertes et des séances d’information sur la santé sexuelle au sein de la communauté, abordant des sujets spécifiques aux réalités vécues par les personnes LGBTQ+. Proposez que ces temps d’échange se poursuivent en auto-gestion.
Pour susciter l’envie, les professionnels soulignent l’importance de faire des ateliers un souvenir positif. Dans cette perspective, il peut être également utile de laisser une trace de l’atelier, pour permettre aux participants de garder en mémoire l’expérience vécue, les informations échangées, et de valoriser la participation. Cette « trace » peut par ailleurs être un vecteur de communication et de valorisation. Ces expériences, que les participants pourront reproduire dans d’autres contextes, les confortent dans leur connaissance de soi, leur confiance en soi, leur estime de soi.
Offrez aux participants des carnets de notes spéciaux où ils peuvent écrire leurs réflexions et leurs objectifs personnels pour leur bien-être sexuel et leur autonomie.
Terminez une session d’atelier par un temps de convivialité, où chaque participant partage ses réflexions sur ce qu’il a appris et ressenti pendant la session. Remettez à chacun un certificat de participation personnalisé, signe de leur engagement et de leur implication.
Mobiliser la médiation scientifique
La création d’une ambiance de confiance et d’échange passe également par la mobilisation de la médiation scientifique. D’après les professionnels, lors des animations, il est important de s’appuyer sur les connaissances issues de la recherche pour légitimer et enrichir davantage les contenus proposés. Cela en utilisant un langage adapté aux différents types de publics afin de créer les bases d’une meilleure compréhension des contenus de la part de tout le monde, ainsi que la reconnaissance des savoirs de chacun. De cette façon il est possible d’instaurer une ambiance propice aux échanges et à la confiance réciproque. Dans ce cadre, s’appuyer sur une médiation scientifique adaptée peut encourager la réflexivité des publics. Ces derniers se sentiront en mesure de s’approprier des savoirs issus de la recherche et seront donc plus enclins à développer une pensée critique sur les contenus proposés.
Il est possible d’organiser des conférences sous forme de rencontres interactives constituées par une session courte d’apports théoriques sur la santé sexuelle (20’) et d’un temps d’échanges long, de type débat, sur 1h30 en plénière.
Apprendre à connaître ses publics
Pour les animateurs, valoriser les ressources de chacun signifie d’adopter une posture ouverte et disponible, de sortir de la position d’expert, pour prendre en considération ce que chacun a à apporter. Dans ce cadre, il est très important de laisser les participants réfléchir et s’exprimer à partir d’eux-mêmes, ne pas induire leurs réponses en fonction de ce que l’on voudrait entendre, ni les catégoriser.
Dans le cadre d’actions auprès de personnes âgées, coconstruire des supports autour d’histoires positives et inspirantes sur la sexualité et le bien-être à un âge avancé.
Cette posture contribue à la participation des publics.